CISAC@MIDEM 2015 : « Comment les industries créatives peuvent-elles optimiser leurs revenus dans les pays BRICS ? »

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Le potentiel de croissance considérable des industries culturelles et créatives dans les pays BRICS a constitué le thème central de la table ronde organisée par la CISAC au MIDEM cette année. 

Lors d’une session animée réunissant de nombreux participants, la Vice-présidente du Conseil d’Administration de la CISAC et Directrice générale de l’Union brésilienne des compositeurs (UBC), Marisa Gandelman, le Membre du Conseil d’Administration de la CISAC et Directeur général de la Southern African Music Rights Organisation (SAMRO), Sipho Dlamini, et le Directeur général d’Universal Music Publishing pour l’Inde, Achille Forler, ont exposé à l’auditoire comment les industries culturelles et créatives peuvent augmenter leurs revenus dans les pays BRICS, sous couvert que ceux-ci adoptent des cadres de propriété intellectuelle qui favorisent la protection des auteurs et établissent un environnement économique qui permette aux organisations de gestion collective de se développer.  

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Tour d'horizon dans les BRICS

D’après le Rapport sur les perceptions mondiales récemment publié par la CISAC, les marchés des pays BRICS continuent d’être très prometteurs, avec une hausse des perceptions de 30% en 2013 par rapport à l’année précédente (365 millions d’euros). 

Cependant, malgré le dynamisme des industries créatives, les pays BRICS ne retirent que de 1 à 6% de leurs secteurs créatifs en termes de contribution économique à leur PIB, alors que d’autres pays dans le monde enregistrent une croissance à deux chiffres. Au vu de ces résultats, la CISAC a défini un plan d’action qui vise à libérer le potentiel économique des industries culturelles et créatives dans ces pays prometteurs. 

Marisa Gandelman, Sipho Dlamini et Achille Forler ont expliqué à l'auditoire la situation dans leurs pays respectifs et fait part de leurs points de vue sur ce qui pourrait être fait pour garantir un avenir meilleur pour les créateurs. 

Principaux points forts 

Sipho Dlamini (SAMRO) a décrit la situation de l’octroi de licences pour les créateurs en Afrique du Sud comme un « espace sain », contrairement à la situation en Europe et aux États-Unis, car les organisations de gestion collective sont, jusqu’ici, parvenues à ne pas avoir à régler leurs problèmes devant les tribunaux. 

« L’environnement n’est pas parfait mais nous avons réussi à éduquer le gouvernement et le marché en expliquant ce que nous faisons et comment l’argent circule. Nous devons encore introduire certaines modifications dans la Loi sur le droit d’auteur et nous espérons qu’elles seront adoptées plus tard dans l’année. Néanmoins, c’est un espace sain, productif et exigeant, » a-t-il déclaré.

Achille Forler (Universal Music Publishing) a noté que la culture des œuvres de commande en Inde était en recul grâce à la nouvelle Loi sur le droit d’auteur. 

« La nouvelle Loi sur le droit d’auteur, entrée en vigueur en juin 2012, a clarifié le chaos créé précédemment par des décisions de justice malheureuses », a-t-il déclaré. 

« Il existe deux clauses très importantes pour nous en matière d’octroi de licences. L’une stipule que les auteurs ont un droit inaliénable à percevoir des redevances équivalentes à 50% des revenus de l’éditeur. L’autre stipule que l’octroi de licences collectives ne peut être effectué que via une seule société » a-t-il ajouté.

Au Brésil, la situation est très différente. Le pays repose sur une longue tradition de gestion collective et de jurisprudence en faveur du créateur. Cependant, Marisa Gandelman (UBC) a indiqué que les récentes dispositions de la loi concernant la gestion collective avaient ajouté une certaine complexité. 

« Il n’est pas facile de comprendre immédiatement comment opèrent les organisations de gestion collective. »  

Relation avec le gouvernement

La relation avec le gouvernement est extrêmement importante pour garantir le bon fonctionnement des organisations de gestion collective et pour améliorer ainsi la situation des créateurs. En Inde, bien que les auteurs n’aient pas reçu le soutien du pouvoir judiciaire, le Parlement est intervenu à plusieurs reprises pour « remettre les choses en ordre », allant jusqu’à introduire le droit de suite.

En Afrique du Sud, la SAMRO soigne sa relation avec le gouvernement pour éviter un interventionnisme inutile. Au Brésil, où les droits exclusifs sont en place, les sociétés d’auteurs jouissent depuis longtemps d’un environnement économique relativement libre avec peu d’ingérence du gouvernement, ce qui a contribué à leurs « bons résultats ».      

Achille Forler a souligné l’importance de définir la bonne stratégie en matière de propriété intellectuelle afin d’inciter les acteurs économiques à investir dans le marché.   

« L’Inde n’atteint que 6 millions de dollars par an dans le domaine de l’édition ; c'est le signe que quelque chose ne va pas », a-t-il déclaré.

En Afrique, où le téléphone portable connaît un essor phénoménal, les acteurs du marché doivent développer de nouveaux modèles d’exploitation qui profitent à tous, auteurs, éditeurs, entreprises de télécommunications et autres plateformes de diffusion. 

« Si nous n’arrivons pas à trouver le bon équilibre, nous allons freiner la croissance », a déclaré Sipho Dlamini.

Marisa Gandelman a souligné l’importance de la transparence et du rôle de la CISAC pour améliorer la coopération au sein du réseau international de sociétés d'auteurs.

« Aujourd’hui, notre stratégie est d’être transparent pour montrer à notre gouvernement que nous suivons les règles de toutes les sociétés membres de la CISAC », a-t-elle expliqué.  

Les experts ont conclu la table ronde en soulignant l’importance de disposer de données fiables qui démontrent la valeur ajoutée de la musique et des autres répertoires artistiques à l’économie. 

Vidéo de la table ronde (en anglais uniquement) 

Optimiser les revenus dans les pays BRICS - MIDEM 2015

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