Le Président de la CISAC Björn Ulvaeus au Séminaire des Créateurs de la JASRAC : « Personne ne soutient les auteurs-compositeurs comme les sociétés ! »

CISAC-JASRAC Seminar 1_copr JASRAC

Le Président de la CISAC Björn Ulvaeus a appelé les créateurs à s’unir autour de leurs sociétés partout dans le monde pour s’assurer que leurs droits sont efficacement protégés. « Des organisations comme la JASRAC et la CISAC sont les seules à avoir l’appui et la loyauté des auteurs-compositeurs en toutes circonstances », a-t-il affirmé. « Car elles travaillent pour nous autres créateurs en toutes circonstances. »

Björn Ulvaeus s’exprimait dans le cadre du Séminaire des créateurs « Music in the Digital Era », un événement organisé en partenariat avec la CISAC par la société japonaise JASRAC à Tokyo, le jeudi 6 avril.

Améliorer les métadonnées dans le monde du streaming

Les données étaient l’un des principaux enjeux examinés par le panel. Björn Ulvaeus a invité les créateurs, les différents acteurs du secteur musical et les services numériques à résoudre les problèmes de données afin de garantir que les œuvres sont correctement identifiées et les créateurs rémunérés. Il a rappelé que les créateurs ont besoin de l’aide des autres acteurs du secteur, tels que les éditeurs et les maisons de disques, pour s’assurer que les métadonnées adéquates sont intégrées dans tous les enregistrements. « C’est quelque chose qui devrait même être réglementé afin qu’aucun service de streaming n’autorise la mise en ligne de musique en l’absence de métadonnées », a-t-il observé.

Le Directeur Général de la CISAC Gadi Oron a commenté : « Les données sont l’un des grands défis auxquels nous sommes confrontés. » La CISAC mène actuellement une grande action pédagogique pour encourager l’adoption de l’ISWC, l’identifiant des œuvres musicales qui permet une identification efficace et précise des œuvres musicales et la rémunération des créateurs. La CISAC et ses membres à travers le monde, a déclaré G. Oron, « travaillent au niveau international à améliorer les systèmes pour que les sociétés puissent garantir une identification précise des œuvres et des ayants droit, et traitent les paiements beaucoup plus rapidement. »

L’auteur-compositeur est « le parent pauvre » du système

Les membres du panel se sont également penchés sur les inquiétudes suscitées par la faible part de revenus touchée par les créateurs pour l’exploitation de la musique en ligne. Avec plus de 120 titres n° 1 au hit parade japonais, Kanata Okajima, auteure-compositrice et productrice de musique japonaise, a confirmé que les abonnements en ligne gagnent de plus en plus de terrain sur les supports physiques. « Si vous voulez gagner votre vie, vous devez écrire un énorme tube, ou alors un nombre incroyable de chansons pour que vos droits d’auteur vous permettent de vivre », a-t-elle affirmé.

Björn Ulvaeus a souligné que la part des recettes des FSN qui revient aux auteurs et aux compositeurs est trop faible. « Comme je le dis souvent, ce système marginalise les auteurs, surtout quand on sait que cette industrie repose sur une économie de la chanson. Tout tourne autour des morceaux de musique. Et pourtant les auteurs-compositeurs sont traités comme les parents pauvres de cette industrie ! Ça ne me semble pas correct. Je pense que l’auteur-compositeur est la star, au même titre que l’artiste-interprète, et qu’il devrait être traité comme tel. »

Pour atteindre un tel objectif, les créateurs doivent s’unir. Il a appelé « tous les auteurs de musique, anciens et plus jeunes, à s’unir sous la bannière d’une organisation de gestion collective comme la JASRAC, à s’engager et à s’impliquer davantage dans ces organisations et à se faire entendre. C’est une façon de faire bouger les choses. »

L’IA et ses implications sur le droit d’auteur

Les discussions se sont également concentrées sur les changements impliqués par le développement des outils utilisant l’intelligence artificielle. Björn Ulvaeus, qui a utilisé l’IA pour le concert virtuel « ABBA Voyage » à Londres, a souligné que l’IA peut être un outil très intéressant pour les créateurs. « Si elle est utilisée pour nous aider à écrire une chanson ou des paroles, ce n’est pas une menace mais un outil », a-t-il ajouté, ajoutant toutefois que l’IA soulève aussi d’importantes questions par rapport au droit d’auteur.

« Ces questions doivent être examinées au plus haut niveau, car il s’agit d’un problème mondial », a-t-il expliqué. « Il nous concerne tous en tant qu’êtres humains. » Pour le Président de la CISAC, le débat sur l’IA et le droit d’auteur « doit encore avoir lieu et devient urgent. Nous ne pouvons rien faire pour stopper ce phénomène. Nous devons accepter qu’il est en train de se produire mais nous devons discuter des enjeux liés au droit d’auteur. »

« Les œuvres créées par l’IA sont-elles des œuvres de l’esprit ? » s’est interrogé Gadi Oron. « Doivent-elles être enregistrées auprès des sociétés d’auteurs et ces sociétés doivent-elles collecter des droits pour leur utilisation ? Sont-elles seulement protégées par la législation sur le droit d’auteur ? Ce sont des questions épineuses et nous n’avons pas encore de réponses claires à leur apporter. »

Le Président de la JASRAC, Izawa Kazumasa, a suggéré que l’IA pourrait aussi être utilisée pour améliorer les systèmes de collecte et de répartition. « Nous avons commencé par utiliser un grand nombre d’ordinateurs, puis sommes passés au cloud et à des processus automatisés », a-t-il expliqué. « Si nous avons gagné en efficacité, c’est aussi grâce à la technologie. »

Avant d’ajouter : « Je ne pense pas que l’IA va changer la façon dont la JASRAC gère les droits des auteurs. Si un créateur ou un éditeur dit qu’une œuvre a été créée par un être humain, nous protégerons les droits qui y sont associés ; le reste relève de la responsabilité de cette personne. Je pense que les créateurs vont utiliser cette technologie comme un outil et devront préciser qu’ils le font. Il s’agit de la responsabilité du créateur. »

Pour visualiser l’intégralité du débat, cliquez ici.

CISAC-JASRAC Seminar 1_copr JASRAC